« Rapatrier l’essentiel de notre intelligence collective avec des artistes, dans une profusion des genres, et créer des communautés intellectuelles sensibles », a dit Felwine Sarr pour qualifier l’ambition des Ateliers de la pensée, quatrième édition, qui s’est tenue en cette saison bien fraîche à Dakar, au Musée des civilisations noires. À Duke université, où il enseigne aux États-Unis (mais actuellement en congés sabbatiques), Felwine Sarr travaille sur l’écologie des savoirs ou comment les corpus de musiques, d’oralité et autres savoirs endogènes participent de ce que nous sommes amenés à connaître. Or, c’est bien cette ligne du rapport au sensible qui a triomphé au fil des rencontres, quelle que soit la qualité des interventions universitaires, philosophiques, économiques, anthropologiques, etc.
Un lexique est né
Du 23 mars jusqu’au milieu de la nuit sénégalaise du 26 au 27 mars, ce voyage a donné naissance à un véritable lexique, selon l’expression d’Achille Mbembé, cofondateur de la manifestation. Un lexique (voir encadré ci-dessous, avec les mots des uns et des autres) que d’aucuns ont trouvé mystérieux, intimidant, voire incompréhensible où circulaient des mots comme cosmopoétique, cosmopolitique, déclinés d’une table ronde à l’autre (14 sessions en tout) sur le thème 2022 de « Cosmologies du lien et formes de vie ». Mais quand on a vu à quel point l’édition 2019 autour du mot dévulnerabilisation (quasi imprononçable) portait en elle ce qui allait tomber sur le monde — la pandémie du Covid —, on reste particulièrement à l’écoute de ce qui se dit à Dakar aux ateliers ! Après un début en fanfare, portant sur les utopies, la nation, les frontières, la table ronde du jeudi matin réunissait des écrivains de grand talent : Wilfried N’Sondé osant faire du plancton son prochain héros de roman (voir ci-dessous), David Diop, évoquant la richesse des écrits de…