Mis en suspens après le soulèvement de 2019 puis la tragique double explosion du 4 août 2020, le projet du Beirut Museum of Art (BeMA), initié par Apeal (Association pour la promotion et l’exposition des arts au Liban) est relancé. Sa conception a été confiée en décembre 2018 à l’architecte libano-américaine Amale Andraos, dont la nomination avait fait suite à une polémique opposant le board du BeMA à l’architecte Hala Wardé, lauréate originelle pour la réalisation du musée puis écartée du projet. « Même si j’ai vécu à l’étranger, la ville de Beyrouth me tient à cœur. Elle a toujours été une source d’inspiration, confie Amale Andraos à L’Orient-Le Jour lors de son récent passage au Liban. J’ai fait ma thèse sur Beyrouth et ses fouilles archéologiques urbaines. Ensuite, avec ma pratique, j’ai développé des projets théoriques sur la reconstruction du centre-ville.
Grâce à Beyrouth, j’ai écrit des livres sur le patrimoine de la ville arabe et le modernisme dans le Moyen-Orient, démontrant les opportunités culturelles que crée l’intégration de l’art, de l’architecture et du paysage au sein d’une urbanisation dense, et le moyen de réinventer notre façon de vivre ensemble. » À propos du BeMA, elle précise : « Ce n’est pas uniquement un bâtiment, c’est une institution. Nous l’envisageons comme un musée-archive, le gardien d’un patrimoine commun. » En s’expliquant, l’architecte fait défiler sur l’écran de sa tablette plans et images de son projet tout en définissant ses choix : « un style aux lignes simples et épurées pour les surfaces intérieures qui, d’une part, facilitera la fluidité de la circulation du public et, de l’autre, permettra aux peintures de s’offrir aux regards comme un grand livre ouvert, où les lectures se renouvellent selon la collection présentée ». Ayant délibérément flouté les limites entre intérieur et extérieur, elle…