Le Rara, tout comme la “Soup Joumou”, pourrait, à l’avenir, s’ajouter à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité créé par l’Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), selon ce qu’a annoncé le directeur artistique d’une organisation culturelle baptisée “Palto Vanyan”, Fritz Evens Moïse, alias “John Vanyan”.
Selon l’operateur culturel le Rara qui est une forme d’expression populaire et de méthode de combat, existe depuis plus de 600 ans.
De l’avis de M. Moise, le Rara est un élément essentiel de la culture haïtienne.
Le directeur artistique de l’organisation culturelle Palto Vanyan révèle que le processus pour proposer à l’Unesco d’intégrer le Rara comme patrimoine immatériel de l’humanité est déjà enclenché.
Au cours du 15 ième siècle, les Tainos d’Haïti inventèrent un style de Rara dénommé “Chawopye” qui permettait aux autochtones de la partie orientale de l’île de célébrer. A cette époque, cette tendance n’était qu’expression corporelle, précise Fritz Evens Moise.
Selon lui, six siècles plus tard, le Rara est rapidement devenu l’une des principales formes d’expression culturelle de combat et de résistance politiques et populaires.
Au temps de la résistance aux campagnes anti superstitieuses baptisées “(Rejete)”, ou durant la période esclavagiste, le Rara était toujours debout et a eu la force de s’adapter à chacune de ces périodes difficiles, indique l’operateur culturel.
Selon le directeur artistique de l’organisation culturelle “Palto Vanyan”, au cours du 18ième siècle, le Rara servait de canal pour faciliter le marronage des esclaves. Toutefois, cette tendance a toujours été un instrument de défoulement ,de dénonciation et de résistance populaire.
Cette coutume de brûler les masques et les déguisements , chaque année, après les trois Jours Gras (mercredi des cendres), consiste à lancer cette période festive , selon la tradition, dans certaines villes du pays, dont Port-au-prince, le Cap-Haïtien et Léogâne, rappelle l’operateur culturel.
Cet expérimenté formateur en animation citoyenne souligne, d’autre part, que le Rara existe surtout dans les zônes les plus reculées du pays.
Le Rara comme levier de développement de l’ethno-tourisme
Selon John Vanyan, certaines bandes de Rara de la commune de Léogâne ont déjà célébré leurs 100 ans d’existence. Le directeur artistique de l’organisation “Palto Vanyan” affirme également que les instruments modernes qu’on utilise dans le Rara traditionnel contribuent à maintenir en vie une tradition vielle de plusieurs siècles. Et ce, malgré les grognes venant de certains puristes qui ne jurent que par la conservation des instruments originaux du Rara (Tanbou) , (Vaksin), (Kone), aux dires de Fritz Evens Moise.
Il dit regretter le fait que le développement du tourisme ne soit pas suffisamment imbriqué dans le Rara qui, selon lui, aurait pu jouer son rôle de levier économique dans l’industrie touristique.
Dans ce même ordre d’idée, l’operateur culturel en appelle à la préservation des produits du terroir, dont la gastronomie haïtienne, et les objets artisanaux, en vue de relancer notre industrie touristique.
Fritz Evens Moïse salue aussi l’exportation du Rara et de la musique “Racine” sur la scène internationale à l’occasion des grands rassemblements culturels organisés, chaque année, en terre étrangère.