Le 8 mars, Christie’s a voulu célébrer à sa façon la Journée internationale des droits des femmes avec une vente à Paris entièrement consacrée à Line Vautrin (1913-1997), créatrice française connue pour ses miroirs sorcière et ses boîtes dorées truffées de messages chiffrés, rébus et symboles. A l’exception de Gros & Delettrez, qui honorait le même jour un siècle de créations au féminin, aucune autre maison n’a choisi de s’aligner sur le calendrier. Pour Frédéric Chambre, directeur général de Piasa et spécialiste de design, il n’y a pas de débat : « Les collectionneurs ne font pas la différence entre les œuvres des femmes ou des hommes, et heureusement ! » Son confrère Elie Massaoutis, responsable des ventes de design chez Phillips, abonde : « Les gens sont attachés aux œuvres de grande qualité, peu importe qu’elles aient été créées par des hommes ou des femmes. » Après tout, c’est une femme, l’Irlandaise Eileen Gray (1878-1976), qui détient le record pour un meuble du XXe siècle jamais passé en vente : 22 millions d’euros, pour son fauteuil aux dragons cédé chez Christie’s, en 2009, lors de la vente Bergé-Saint Laurent. Pourtant, l’égalité des sexes est loin d’être acquise : selon une enquête d’Artnet, les femmes ne représentaient, en 2019, que 2 % du marché de l’art.
Leur sort dans les arts appliqués n’est guère plus enviable. Quand le design faisait sa révolution en renouvelant nos modes de vie, peu de créatrices ont pu imposer leur nom. L’histoire a certes retenu Gae Aulenti (1927-2012), en Italie, et Charlotte Perriand (1903-1999), en France. Mais les héritiers de cette dernière ont dû se battre pour que sa contribution soit pleinement reconnue pour des meubles longtemps attribués aux seuls Prouvé et Le Corbusier. D’autres…